Le 23 juin, Pascale Pujol sera bien entourée, avec trois de ses éditeurs (Antidata, Lunatique et Quadrature).
Une rencontre pas très originale dans la forme (apéro, chips, saucisson et autres petits plaisirs trop gras, trop salés ou trop alcoolisés), mais très originale dans le fond, avec le regard croisé de trois éditeurs sur un même auteur, et pas des moindres.
En guise d’apéritif à cette soirée de juin, un extrait de Je vous embrasse, de Pascale Pujol :
J’ai appris à circonvenir ces silences, à les apprivoiser : je n’ai guère le choix. Ils ne me blessent plus, ou sans doute serait-il plus honnête de dire qu’ils me blessent moins, qu’ils glissent sur ma peau sans l’écorcher tout à fait, à moins que la blessure infligée ne cicatrice plus vite. Suis-je devenue docile, ou résignée ? Cette relation m’aurait-elle confisqué jusqu’à la dernière étincelle de fierté ? Je crains et déteste ces silences, mais j’ai appris à les écouter, et leur univers éloquent fascine la narratrice, désormais, plus qu’il ne tourmente la femme amoureuse.
Voilà bien longtemps que je cherche leur sens. J’y ai vu la morgue et le cynisme d’un séducteur, un temps amusé, puis agacé qu’un si menu fretin s’intéressât à lui. La tentative sincère d’un homme honnête pour me protéger d’une déception ou, peut-être, nous éviter un faux pas.
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